Réunion cotonnière de Deauville, 11 et 12 octobre 2021

Discours de monsieur Charles Jannet

Mesdames, Messieurs,

Chers amis

Tout d’abord, je souhaiterai au nom du comité de direction de l’AFCOT, remercier Curt pour ces mots et pour le travail accompli malgré le contexte de la pandémie.

C’est avec beaucoup de plaisir et d’émotion que nous savourons le fait de nous retrouver aujourd’hui à Deauville.

L’organisation du forum cette année est à l’image de la période que nous vivons : hors normes. Il fut le fruit d’un subtil travail d’équilibriste soumis à un environnement toujours plus évolutif. Le printemps dernier, au sein du comité de direction, nous nous demandions encore quelles modalités adopter: présentiel ?, digital ? ou encore hybride.  Après des réflexions nourries, il nous a semblé que rien ne pouvait remplacer le plaisir des rencontres et, c’est ainsi que ce soir, nous sommes 220, tous réunis, venant de 30 pays différents. Le forum de l’AFCOT est une grande famille et votre présence en est la signature. MERCI.

Je suis aussi conscient des contraintes auxquelles certains et certaines ont été confrontés pour arriver jusqu’ici. J’aimerais leur manifester reconnaissance et gratitude et les remercie encore une fois des efforts déployés pour nous retrouver ce soir.

Tout comme Curt, je tiens à remercier très chaleureusement M. Gérard Kassarian pour toutes ses contributions tout au long de ses 10 années en tant que secrétaire général.

J’ai le plaisir de vous annoncer qu’Emmanuelle Duclos nous a rejoints en Novembre 2020 dans ce contexte exigeant. Beaucoup d’entre vous la connaissent déjà. C’est son expérience de secrétaire générale qu’elle a exercé jusqu’en 2010, sa connaissance de l’AFCOT, et son habileté à gérer des éléments complexes qui rendent possible ce moment. Au nom de nous tous, je lui souhaite encore une fois la bienvenue et me réjouis de son retour parmi nous.

Bien évidemment, celle-ci a pu compter sur l’aide précieuse et indéfectible de Brigitte Houillier que je remercie vivement aussi.

Enfin, je remercie chacun des membres du comité de direction pour ce pari de nous retrouver et ce défi aujourd’hui relevé par votre inconditionnelle présence !

A ce titre, j’ai le plaisir de vous annoncer que le Comité de direction s’est enrichi de deux nouvelles personnalités, Messieurs Jean-Claude Talon de la Société Atral et Emmanuel Solal de la société Cam Négoce. Nous nous réjouissons de ces nouvelles contributions qui vont jouer dans la vie de l’AFCOT et qui nous permettra de fonctionner au mieux et mener ensemble des réflexions sur les problématiques actuelles du marché cotonnier international.

J’aimerais aussi remercier l’ensemble de nos hôtes officiels présentés par notre Vice-Président Laurent Peyre qui nous font l’honneur de leur présence, ainsi que tous nos partenaires de sociétés cotonnières et sociétés connexes.

Enfin, je remercie les intervenants présents au séminaire technique de ce matin :

Monsieur Mike EDWARDS de Cotlook, fidèle ami de l’AFCOT, dont les analyses nous éclairent encore une fois dans ce marché mouvementé. M. Jérôme Permingeat qui a partagé une vision contemporaine de la confection et apporté un point de vue nouveau sur le regard des consommateurs vis-à-vis des vêtements qu’ils achètent. Enfin, Monsieur Arnaud Clérisse de Rabobank qui nous a présenté une revue de l’économie globale et le change Euro/Dollar.

J’aimerais revenir sur le Comethi créé à l’initiative de notre Past President Curt Arbenz.  Je ne saurais insister davantage sur le caractère fondamental et la mission que cette plateforme vise à mener dans l’intérêt de tous.

Tous les membres de la chaîne de valeur ont aujourd’hui un devoir de transparence à prioriser, faute de quoi le soupçon s’installe…

Initialement facteurs de différenciation positive, la transparence et la durabilité sont aujourd’hui des éléments fondamentaux requis par le marché. Sans oublier un contexte de sur-communication virale et d’effets d’escalade auxquels nous devons tous être préparés à réagir. C’est pourquoi nous sommes convaincus de l’intérêt du Comethi.

De grands progrès ont été faits. CMiA, BCI, GOTS ont aidé les filières, validé des protocoles, amélioré les pratiques. La démarche est validée, auditée, vérifiée et peut être communiquée. Aujourd’hui, une grande partie de la production cotonnière en Afrique de l’Ouest est déjà certifiée. Ce processus doit continuer et se généraliser.

Aussi et surtout, il existe nombre de programmes de sensibilisations et contrôles déjà en place sur lesquels il faut capitaliser et communiquer davantage.

Avec le Covid, les consommateurs ont accentué leurs achats en ligne qui peuvent représenter jusqu’à 30% de la demande, voire plus. Les jeunes consommateurs ont aujourd’hui une approche responsable de leurs achats. Ils veulent avoir des garanties que le coton a été produit dans des conditions responsables, et que toute la chaîne de valeur en amont a aussi été respectueuse des droits humains, sociaux et environnementaux jusqu’au produit fini.  Les petites enseignes aujourd’hui emboîtent le pas aux grandes enseignes et s’engagent à avoir des filières durables et responsables. Consommateurs et filières sont aujourd’hui en ordre de marche !

Au-delà de la certification, la demande porte dorénavant sur la traçabilité. Comment prouver la provenance du coton de tel vêtement précisément ?   BCI réfléchit aujourd’hui à une refonte de son système de mass balance qui n’est pas ou mal compris par les consommateurs.  Les distributeurs veulent tagger une origine, une provenance et la certification associée.  Cela doit se faire par des systèmes intégrés gérant ces données.

Le monde change, et il change vite.

Jérôme Permingeat a pu mettre en évidence la prévalence des circuits courts et intégrés, dans lesquels tous les acteurs se retrouvent et sont identifiés. Nous devons aller dans cette démarche de différenciation.

L’AFCOT n’a pas vocation à mettre en place des systèmes de traçabilité dans les filières cotonnières, mais elle est à votre service pour mettre en valeur les meilleures pratiques et en assurer la promotion de manière effective et affective. En ce moment précis me vient un proverbe qui dit : « Si tu veux aller vite, marche seul, si tu veux aller loin, marchons ensemble ».

A l’heure où j’écris ces lignes, le marché est repassé depuis la première fois en 10 ans au-delà de la barre mythique des 100 usc/lb, avec la fibre qui s’échange autour des 1300 FCFA/kg.

Nous pouvons nous réjouir de ces prix. Ceux-ci sont montés quasi en ligne droite depuis les plus bas constatés en mars 2020, au plus dur du début de la pandémie, sous les 50 usc/lb.

On a pu s’étonner de cette reprise aussi soudaine qu’inattendue. La baisse brutale de la consommation, mais aussi celle des moyens de production textiles, n’ont pas créé l’excédent d’offre de coton auquel on était en droit de s’attendre. Au contraire, la reprise de la consommation a été accélérée par les biens de consommation courants et d’ameublement qui ont peu chuté avec le télétravail et les confinements. Les textiles d’ameublement pèsent en effet plus lourds et sont 100% coton, contrairement aux vêtements courants. Pendant ce temps, certains pays comme le Pakistan et les Etats-Unis ont connu des déficits de production.  Cette pluralité de facteurs a ainsi neutralisé voire dynamisé l’équilibre entre l’offre et la demande.

Les cours actuels reflètent une situation de tension accrue, avec une forte demande de la Chine, ainsi qu’un processus de rattrapage de l’activité économique en général, diminuant les stocks globaux et laissant peu de marge de manœuvre.  On peut s’interroger sur la temporalité d’un tel décollage des cours, sachant que les récoltes en Chine, Pakistan, Turquie et Inde sont ou seront bientôt disponibles. Des incertitudes demeurent certes. Est-on au début d’un vaste mouvement de hausse, ou plutôt à la fin temporaire d’un cycle de hausse, comme le dirait Shakespeare, telle est la question ?!

Pour reprendre la métaphore que chaque médaille a son revers : la belle remontée des prix dont toutes les filières bénéficient, s’accompagne d’une nouvelle difficulté.  Avec la reprise économique, des goulots d’étranglement logistiques se sont créés. Alors que les échanges avaient été stoppés au printemps 2020, la reprise a été spectaculaire et a généré d’importants bouleversements en termes d’équipement et de desserte des principales lignes maritimes à travers le monde. Leurs prix aussi ont décollé, subissant parfois des augmentations de 500% selon les routes. A l’heure actuelle, nous devons malheureusement penser que cette situation perdurera encore en 2022.

Pour conclure, j’aimerais revenir sur un exercice auquel certains d’entre vous se sont prêtés cet après-midi, les interviews/portraits filmés et je remercie tous ceux qui se sont prêtés à cet exercice. J’espère sincèrement que cela vous a plu et que cela aura été l’occasion de mettre en valeur des éléments à partager ou à communiquer.  Un montage sera fait et publié sur le site internet de l’AFCOT ces prochaines semaines avec vos prestations cinématographiques !

Un seul mot d’ordre ce soir, pour tout ce qui nous rassemble et tout ce qui nous unit, passez un merveilleux moment !