Notre nouvelle revue cotonnière est en ligne. Retrouvez la dans la page 'Publications'. En raison du COVID-19 notre filière subit de plein fouet une terrible crise. Toutefois, comme vous le verrez à la lecture des différents articles que nous publions, les acteurs de notre filière font preuve d'un dynamisme sans faille. Recherche, développement, innovation, pugnacité, sont les mots qui caractérisent le mieux leur action. .

 

Réunion Deauville 2017

 

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L’association Française Cotonnière qui fêtait ses 127 ans, a tenu les 2 et 3 octobre 2017 sa réunion cotonnière annuelle à Deauville. Plus de 320 personnes en provenance des cinq continents se sont retrouvées pour partager ce moment.

 

Après un cocktail de bienvenue organisé la veille, la journée du 3 octobre a débuté par un séminaire proposé par les Associations Cotonnières Francaise (AFCOT) et Africaine (ACA) Les débats ont été conduits par les présidents des deux associations, monsieur Franck NIEDERGANG et monsieur Baba BERTHE.

La premier intervenant a été monsieur François FAURE, Responsable Risque Pays et Etudes Economiques chez BNPPARIBAS). Sa présentation a porté sur des sujets économiques et financiers avec une analyse sur le dollar et l’euro.

Le deuxième intervenant a été monsieur Michael EDWARDS, Directeur au Cotton Outlook. Michael EDWARDS a présenté et commenté les statistiques cotonnières mondiales.

La matinée s’est terminée par la présentation du Directeur Commercial de la CMDT, monsieur Boubacar BA sur le thème des contraintes et opportunités de la production cotonnière africaine.

 

L’AFCOT remercie ces trois personnes pour la qualité et l’intérêt qu’a suscité leur présentation.

 

Monsieur Franck NIEDERGANG, président de l’Association Française Cotonnière.

Discours du 3 Octobre 2017

 

Mesdames et Messieurs,
Chers amis,

 

C’est un plaisir chaque année renouvelé de vous retrouver, si nombreux, pour participer à notre traditionnel diner de l’AFCOT. Nous sommes ce soir plus de 330, représentant une trentaine de pays différents.

Au nom du Comité de Direction de l’AFCOT, je vous remercie de nous faire l’honneur d’être venus participer à ce diner ainsi qu’à nos travaux, souvent de très loin. Je salue mes homologues des associations cotonnières, ainsi que nos invités d’honneur qui vous ont été présentés par Monsieur Curt ARBENZ, Vice-Président de l’AFCOT.

Je tiens tout particulièrement à saluer les délégations qui nous viennent des pays producteurs. Nous vous adressons notre plus vif soutien à l’orée de cette nouvelle campagne, et je vous remercie d’être nos ambassadeurs auprès des cotons-culteurs que vous représentez pour leur porter nos paroles d’encouragement.

J’adresse mes remerciements à Monsieur François FAURE de la banque BNP Paribas, Monsieur Michael EDWARDS de Cotton Outlook, et monsieur Boubacar BA de la CMDT, pour leurs brillantes présentations à l’occasion de notre séminaire de ce matin.

Je remercie Monsieur Baba BERTHE, Président de l’Association Cotonnière Africaine, Association soeur, de m’avoir accompagné dans la modération de ces présentations, mais surtout de nous honorer de votre présence parmi nous ce soir.

Enfin et parce que quelques-uns d’entre nous se demande probablement pourquoi nous avons échangé un doux début d’automne Barcelonais contre un automne Normand, je profite de cette tribune pour saluer chaleureusement mon prédécesseur, Monsieur Georges TOBY. En choisissant Barcelone pour nous accueillir l’an dernier Georges a placé la barre très haut, et cela à plus d’un égard. Merci Georges pour ton travail et ton dévouement sans faille durant ton mandat à la tête de notre Association.

Un an après notre dernière réunion à Barcelone, comme nous l’a montré le résultat du concours sur les prix du marché à terme au début de ce diner, d’une année à l’autre la différence de marché semble minime. Le marché cotonnier est-il devenu un long fleuve tranquille, ne s’est-il rien passé cette année ? L’année a bien eu son lot d’évènements majeurs, mais c’est un fait, le marché continue à se maintenir à des niveaux assez confortables.

Dans le monde du coton la roue tourne, et parfois très vite. Nous savons que les périodes plus calmes ou plus favorables, sont surtout propices pour chacune de nos entreprises, de nos équipes et de nos associations à continuer sans relâche à améliorer nos protocoles, investir dans la recherche, l’information, la formation ainsi que de réévaluer les risques auxquels nous sommes confrontés, nous préparer aux aléas de demain.

Dans l’esprit de pouvoir offrir à nos membres un outil solide, le Règlement General Européen doit s’adapter aux réalités de notre industrie. Aussi, je suis fier de vous annoncer que le Comité de Direction de l’AFCOT, assisté de juristes, met en ce moment les dernières touches à un règlement d’arbitrage pour « petits litiges »

Par cette procédure, vous aurez désormais accès à un arbitrage simplifié pour traiter les litiges commerciaux ne dépassant pas 100,000 Euros. Un seul arbitre sera nommé contre 3 actuellement. Les objectifs visés sont d’offrir une durée de procédure réduite, nous travaillons sur une période maximale de 4 mois, ainsi que des couts de procédures également réduits par la nomination d’un seul arbitre.

La mise en place de cet arbitrage simplifié pour des litiges d’un maximum de 100,000 Euros répond à une demande actuelle de notre industrie. En effet nombre de parties se trouve régulièrement confrontées au dilemme de devoir abandonner des créances justifiées, au regard d’une durée de procédure souvent perçue comme trop longue, ainsi qu’à l’importance des moyens à engager pour leurs recouvrements.

Avant de me soumettre au traditionnel exercice de dresser le tableau de la situation mondiale du marché du coton sur l’année écoulée, je souhaite profiter de cette tribune pour partager quelques observations sur une évolution fondamentale dans la manière de mener nos affaires depuis quelques années. J’ai commencé mes activités cotonnières avec Afrique de l’Ouest et du Centre il y a maintenant une vingtaine d’années pour le compte d’un grand négociant qui, comme d’autres, suite à la crise de 2008 s’est retiré de l’activité du négoce cotonnier.

A l’époque la région d’Afrique de l’Ouest et du Centre voyait sa production cotonnière augmenter régulièrement pour s’établir en 1997/1998 à environ 950,000 tonnes. Les exportateurs commençaient à peine à s’ouvrir au négoce international après une longue histoire de quasi-exclusivité avec des sociétés qui depuis se sont entièrement renouvelées ou ont disparues.

Le défi était alors clair pour mener nos affaires à bien : passer beaucoup de temps sur le terrain avec nos partenaires africains, apprendre, comprendre, aussi bien le terrain que les impératifs de nos fournisseurs. Cela nous permettait de leur « amener le marché » par le biais d’offres et de services compétitifs. Le maitre mot étant la communication. Constante.

C’est là que l’on retrouve le plus important changement sur la vingtaine d’années écoulées. Sans conteste l’évolution de nos moyens et manières de communiquer. Nous avons aujourd’hui tous au moins 1 ou 2 téléphones portables. Je sais que certains ici en ont beaucoup plus ! Et ils nous accompagnent à chaque moment de nos vies. Une laisse numérique !

Cette fantastique évolution des moyens de communication permet par exemple à des acteurs de suivre et participer aux activités commerciales tout en n’étant pas ou peu présents sur le terrain. Même si cela est surtout rendu possible grâce au professionnalisme des producteurs et exportateurs dans l’exécution des contrats. Cette simplification des communications longues distance qui rend notre planète plus petite, nous a doucement amené vers une multiplication des contreparties, et pour en faciliter la gestion, une prévalence de la commercialisation d’une très grande partie de la fibre de la région d’Afrique de l’Ouest et du Centre par le biais d’appels d’offres.

Ce système de l’appel d’offre a pour objet de stimuler la concurrence et a surtout le grand avantage d’offrir une certaine transparence, donc de simplifier le processus de décision. Le meilleur prix au temps T. Les principaux laissés pour compte de ce système sont malheureusement souvent la communication et l’expérience, et elles sont primordiales.

Afin d’être réellement un instrument efficace ce système d’appel d’offre se doit d’être accompagné de deux mesures essentielles. Renforcer la communication directe entre les parties et sélectionner strictement nos contreparties.

Pendant les dix dernières années, les prix du coton ont évolué entre un plus bas inférieur à 40 cents/livre en 2008 et plus haut proche de 220 cents/livre en 2011. La production de la région d’Afrique de l’Ouest et du Centre a elle-même connue une importante volatilité évoluant entre environ 500,000 tonnes et 1,300,000 tonnes au gré des fluctuations du marché à terme et du cours de l’Euro/US Dollar.

Il est capital de garder en tête que nous sommes les acteurs d’un marché qui peut s’avérer extrêmement volatile. Cela implique des risques importants, tout particulièrement ceux liés à la performance de nos contreparties.

Ces risques se trouvent exacerbés aussi bien par un environnement ou les contrats sont conclus de nombreux mois avant leur exécution, que par le fait que les conditions d’accès au produit (achats FOB paiements CAD) sont souvent bien plus aisées en Afrique de l’Ouest et du Centre que dans nombres d’autres pays exportateur à travers le monde. Le risque est la prolifération de contreparties dont la performance en cas de problème pourrait s’avérer douteuse.

C’est en quelque sorte la rançon du succès. Comme le démontre les prix, et surtout les bases payés ces deux dernières années pour les cotons d’Afrique de l’Ouest et du Centre, le marché nous démontre que ces cotons sont de qualités, ils sont désirables et reconnus comme tel par la filature mondiale. Cette filature qui en ce moment même achète du coton Africain à des prix plus élevés que les cotons dit « contamination free », sans contamination, comme le coton US. Coton US d’ailleurs, pour lequel nous sommes quelques-uns, depuis quelques mois, à recevoir des réclamations de filateurs pour cause de contamination.

Donc gardons constamment à l’esprit la question : mon client est-il en mesure d’exécuter ses engagements si le marché se retourne, ou au moment d’embarquer me montrera t-il son…dos ? Nous sommes ici sans doute quelques-uns à avoir déjà vécu cette désagréable expérience. Même si depuis quelques temps le marché nous épargne ce type de situation, cela ne veut pas dire que nous devons négliger ce risque. A aucun prix, la punition serait trop lourde.

Nous sommes au début d’une nouvelle année cotonnière ou les statistiques officielles nous annoncent de très importantes productions attendues dans de nombreuses régions du monde. Cela pourrait évidemment peser sur les cours, donc gardons un oeil averti sur nos contreparties et la bonne exécution de nos contrats. Une bonne affaire c’est quand le paiement de la marchandise arrive sur notre compte bancaire, pas seulement lorsque l’achat ou la vente sont confirmés.

Cela m’amène naturellement à la situation du marché depuis notre diner de l’an dernier. Nous avons vu la production cotonnière augmenter régulièrement ces dernières années. D’après les chiffres de l’ USDA du début du mois de Septembre 2017, cette année continue sur cette lancée avec un production mondiale annoncée à 26.3 million de tonnes pour la campagne 2017/2018. A titre d’exemple, pour les Etats Unis d’Amérique, l’USDA nous annonce une production qui pourrait être la plus importante depuis la campagne 2005/06. Pour mémoire les USA étaient à l’époque encore sous le régime de subvention « step 2 » qui encourageait la production et les exports. Retrouver de tels niveaux de production n’est pas anodin.

Comment en sommes nous arrive là : Les cours du coton ont été soutenu cette année et on même approché les 87 cents par livre en Juillet. La faiblesse des prix de certaines spéculations concurrentes du coton telles que le soja et le mais, la poursuite du succès des ventes de déstockage par la réserve d’Etat en Chine et une participation sans précédents des spéculateurs au marché à terme cotonnier durant l’année, ont largement contribué à maintenir les cours à des niveaux relativement élevés, et donc à l’engouement des producteurs pour la culture du coton.

Toujours selon les chiffres USDA de Septembre, l’anticipation d’importantes récoltes contribue également à un léger rebond du ratio des stocks disponible par rapport à la consommation à 59.5% alors que celui-ci est en constante diminution depuis des années. Ces chiffres devraient toutefois évoluer lorsque les dommages causés par les récents ouragans Harvey et Irma seront pleinement pris en compte.

Cette année a été riche en évènements marquants pour les cours cotonniers, en voici trois exemples :

Le premier est l’intervention télévisée du Premier Ministre Indien Monsieur Modi le 8 novembre 2016 pour annoncer sans préavis la fin de la validité des coupures de 500 et 1,000 roupies pour le jour même à minuit. Cela a été un coup de tonnerre. Cette annonce était destinée, selon le gouvernement, à lutter contre l’économie souterraine, le financement d’activités illégales et le terrorisme.

La nature soudaine de cette annonce et le retrait brutal de la circulation d’une telle quantité d’espèces a provoqué d’énormes perturbations pour toute l’économie du pays. Chute de la bourse, queues devant les banques pour échanger des billets plus valides, etc. Cette période correspondant au début de la campagne cotonnière en Inde, et du fait qu’une grande partie des transactions entre producteur de coton et égreneurs se font en espèces, les arrivées de coton de nouvelle récolte se sont trouvées extrêmement ralenties.

Face à cette situation, les filateurs indiens eux-mêmes, mais également des nombreux autres pays consommateurs réguliers de fibre indienne ont été forcés de couvrir leurs besoins avec d’autres origines. Nos amis exportateurs ou transitaires parmi nous ce soir, ont sans aucun doute relevé la très importante augmentation des embarquements vers l’inde et les pays voisins cette année. Nos amis négociants quant à eux, pourrons vous confirmer l’envolée des bases pour les embarquements rapprochés que cette situation a généré et dont nous continuons à ressentir les effets.

Pour prendre à nouveau l’exemple des USA, les statistiques des exports en fin de campagne 2016/2017 montre que cette année, ils ont exporté vers l’inde 4.2 fois plus de coton que l’année précédente, 2.6 fois plus au Bangladesh et 2.3 fois plus au Pakistan.

Un autre fait notable pour cette année cotonnière a été la poursuite de la réduction des stocks de la réserve d’Etat chinoise. Après plusieurs tentatives infructueuses pour trouver la bonne formule, nous assistons depuis 2016 à un déstockage en bonne et due forme. 2.7 millions de tonnes ont ainsi été écoulées pendant l’exercice de mai à septembre 2016 et ce processus se poursuit sur la même lancée cette année depuis début mai pour s’arrêter fin Septembre. Maintenant que la Chine semble avoir la réduction de son stock stratégique sous contrôle, les rumeurs et interrogations vont bon train quant au timing de son retour sur marché des imports, en volume. Il y a une sorte de consensus dans le marché sur l’objectif de la Reserve Chinoise en terme de stock. Celui-ci se situe aux environs de 4 millions de tonnes.

Si la consommation locale ainsi que le déstockage doivent continuer au rythme actuel pour l’année qui vient, une augmentation des besoins chinois en imports s’approche à grand pas. Quant à la taille de ses besoins, rappelons-nous qu’avant que la Chine ne commence à réduire ses imports en 2015 et 2016 pour les stabiliser a environ 1 million de tonnes par an, ceux-ci s’établissaient allégrement au-delà de 3 millions de tonnes par an.

Lorsque cet appétit d’ogre sera de retour, la fonction du marché sera de créer les conditions de prix favorables afin que la production puisse nourrir l’ogre… Enfin, le troisième évènement marquant que je souhaite partager avec vous est l’extraordinaire prise de position sur le marché à terme cotonnier par les spéculateurs cette année. Ils ont accumulé des positions longues à des niveaux jamais vu. Pour donner un ordre de grandeur, le volume des positions ouvertes cumulés, a largement dépassé le précèdent record, constaté lors des évènements de 2010/2011.

Ces mêmes spéculateurs étaient également positionnés sur les marchés à terme d’autres denrées agricoles. Il s’agit donc plus d’une stratégie globale du type de détenir des matières premières agricole comme couverture contre les risques d’inflation, que directement liée au coton lui-même. Mais les effets sur les cours sont bien palpables. Ces positions spéculatives ont activement contribué à la tendance haussière qui a prévalu jusqu’à mi-juin dernier et surtout sur le cours le plus élevé de l’année à 87.18 cents par livre, atteint le 15 mai dernier. Vous avez été très patients avec moi et je vous en remercie, je ne vais donc pas vous empêcher beaucoup plus longtemps de déguster votre dessert et profiter du reste de la soirée. Je sais, j’ai bien dit que je ne prendrais que trois exemples d’évènements marquants dans ce discours. Mais il y en a un dernier, assez extraordinaire, qui nous parle sans doute plus aux uns et aux autres réunis ici ce soir, et que je ne saurais laisser passer inaperçu.

Je me réfère au spectaculaire retournement de situation dont nous avons été témoins cette année, vis-à-vis de la qualité de la production au Burkina Faso. Depuis des années lorsqu’il était question du coton du Burkina Faso les discussions revenaient malheureusement trop souvent vers les soies courtes, décotes, etc.

Au regard de la qualité de la production dont nous a gratifié le « Pays des Hommes Intègres » cette année, il est grand temps de rendre à César ce qui est à César. Cette réussite restera sans conteste dans les annales de la production cotonnière, et elle ne doit rien au hasard.

Un grand bravo à ceux qui en sont les artisans. Votre pugnacité et réussite forcent le respect, et votre présence parmi nous ce soir nous honore. Ce bravo s’étend évidemment à tous vos collaborateurs ainsi qu’aux cotonculteurs au pays, qui une fois de plus, ont montré au monde leur professionnalisme et engagement. Ce que vous avez accompli est exemplaire.

Pour finir, je tiens à adresse mes remerciements appuyés à Brigitte Houllier, secrétaire comptable de l’AFCOT ainsi qu’à Gérard Kassarian, notre Secrétaire Général pour leur soutien sans faille a la bonne marche de notre Association. Egalement à mes collègues et amis du Comité de Direction que je retrouve toujours avec un réel plaisir à chacune de nos réunions.

Je vous adresse à tous mes voeux de plein succès pour cette nouvelle campagne cotonnière que nous entamons, et je me réjouis de vous accueillir l’an prochain, à Monte-Carlo les 4 et 5 octobre 2018 pour le 128eme diner de l’Association Française Cotonnière.

 

Merci

Franck Niedergang

Venez voir les photos de cette édition 2017 :

 

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